Trek sur les neiges du Kilimandjaro

Dans la liste des sommets d’une vie, le Kilimandjaro tient une place particulière. Les neiges du Kilimandjaro fascinent et il faut se dépêcher d’aller les parcourir tant qu’elles existent encore. Mais ce trek n’est pas des plus faciles et l’acclimatation à l’altitude est un aspect à ne pas négliger. Adrien accompagné d’Anne-Lise nous raconte son aventure sur le sommet de l’Afrique.

Texte et photos : Adrien Foix

INTERVIEW D’ADRIEN FOIX, TRAILER CORSE QUI A TENTÉ CETTE AVENTURE

ADRIEN, QUEL SPORTIF ET QUEL TRAILER ÊTES-VOUS ?

Je suis un sportif hyperactif : trail, triathlon, marathon, trekking… J’aime relever des défis avec de gros objectifs ce qui me permet de me dépasser et de flirter avec mes limites tout en gardant le plaisir avant tout. Je suis un trailer qui aime les longues distances (ultra-trail) et surtout j’aime faire du trail pour voyager et découvrir de multiples terrains de jeu et la beauté des paysages qui nous entourent. J’habite en Corse et je profite de la montagne et du littoral corse pour assouvir ma passion.

DANS QUEL CONTEXTE FAISIEZ-VOUS CETTE ASCENSION DU KILIMANDJARO ?

J’ai fait l’ascension du Kilimandjaro sous l’impulsion d’Anne Lise Descat, ma binôme qui partage le même sponsor (les vêtements Brubeck) et qui m’a proposé un projet sportif et humain qui me trottait depuis longtemps dans un coin de la tête et qui consistait à gravir le toit de l’Afrique, le Kilimandjaro (ce qui n’est pas rien) et de découvrir un continent et une culture différente que je ne connaissais pas.

COMMENT AVEZ-VOUS GÉRÉ VOTRE VOYAGE ?

Le voyage a été préparé très facilement et très rapidement, ma binôme Anne-Lise s’est occupée de trouver l’agence organisatrice : TRO PEAK ADVENTURE (une très bonne adresse) et concernant les vaccins, passeports, visas tout a été facile et très rapide. Nous avions le soutien du club de triathlon de Bastia (le TCGB) et le club d’athlétisme de Luccianna que je remercie au passage.

COMBIEN DE TEMPS ÊTES-VOUS RESTÉS SUR PLACE ?

Nous sommes restés exactement 11 jours en Tanzanie. 6 jours dans le parc national du Kilimandjaro et 5 jours qui nous ont permis de découvrir les Parcs naturels comme le parc du Ngorongoro et Manyara qui sont absolument magiques et spectaculaires tant par leur faune que par leur flore. On a pris le temps de découvrir l’Afrique profonde en allant au contact de ses tribus.

COMMENT AVEZ-VOUS GÉRÉ L’ACCLIMATATION À L’ALTITUDE ?

On a très bien géré l’altitude, j’ai même été agréablement surpris que ce soit à 4000 m ou 4700 m (c’est ce qui m’inquiétait le plus.) Je n’avais jamais dépassé les 3900 m d’altitude lors de mes précédentes ascensions, je ne savais pas comment mon corps réagirait et tout s’est finalement très bien passé. Je n’ai pas eu de trouble particulier.

QUELLE ÉTAIT LA LOGISTIQUE DE L’ASCENSION ?

La logistique de l’ascension a été gérée par une équipe composée d’un chef guide, d’un sous-chef guide, d’un cuisinier et de 7 porteurs dédiés au portage des tentes, de la nourriture ainsi que de nos affaires personnelles. Nous avions chacun un sac pour nos vêtements de rechange pour les étapes avec de quoi se ravitailler. Nous étions intégrés à un groupe de 8 trekkers.

A QUEL RYTHME ÊTES-VOUS MONTÉS ?

Nous avions un bon rythme pour l’ascension entre chaque étape. Comme l’altitude ne nous posait pas de problème, nous sommes arrivés plus rapidement sur les camps et avons même sauté une étape.

QUELS SONT LES DIFFÉRENTS ÉTAGES DE VÉGÉTATION ET DE RELIEF RENCONTRÉS ?

Les différents étages de végétation et relief sont totalement différents. Lors des premiers niveaux nous rencontrons une végétation dense digne de Jurassic-parc. Puis plus on monte, plus le paysage change et devient lunaire. On chemine ensuite à travers des palmiers et sur des champs de roches volcaniques. Le moment magique arrive un peu avant le sommet où nous rencontrons la neige. Tout simplement magnifiques ces changements de décors.

QUELLES ONT ÉTÉ VOS SENSATIONS DURANT L’ASCENSION ?

Mes sensations pendant l’ascension étaient agréables malgré le froid, l’altitude et le manque de sommeil. Partis dans la nuit vers 1h du matin, la musique dans les oreilles, j’étais très concentré sur mes pas et mon hydratation qui est primordiale.

Malgré notre vitesse très peu élevée nous dépassions de nombreuses personnes qui se sentent plus ou moins bien sur cette ascension. La montée semblait interminable pour rejoindre Stella point culminant à 5756m, (le dernier panneau pour la photo avant uhuru Peak).

ET QUELLE ÉMOTION EN ARRIVANT AU SOMMET ?

J’ai une anecdote sur l’ascension finale. Nous étions euphoriques car nous arrivions au sommet, je me suis mis à marcher beaucoup plus vite. Le manque d’oxygène m’a stoppé tout de suite dans mon élan et j’ai eu des difficultés à retrouver mon souffle. J’étais aussi blanc que la neige.

J’ai bien cru que je n’allais jamais toucher le panneau du sommet. Je me suis vite fait rappeler à l’ordre par notre guide… Comme on dit là-bas : «pole pole» (doucement – doucement)

Les émotions arrivant au sommet sont magiques et nombreuses. On est sur le toit de l’Afrique à 5895 m d’altitude, on n’a pas de mots. J’ai ressenti un moment de plénitude et de liberté, et pris conscience d’être chanceux de vivre cette expérience.

Chaque seconde là-haut, c’est juste wahouuu !!! On est fier de nous et heureux de profiter de ce moment. Et comme on dit en Tanzanie «Hakuna Matata».

QUEL ÉCHANGE AVEZ-VOUS EU AVEC LES ACCOMPAGNATEURS ?

L’échange avec nos guides a été enrichissant et plus particulièrement avec Goody, le sous-guide. Toujours là pour nous, toujours le petit mot gentil, toujours bienveillant. Les repas, le soir avec eux ont permis de créer des liens particuliers et nous avons pu développer notre sens du partage. Il y a Jérôme qui nous faisait le service, un homme d’une gentillesse extraordinaire. Il nous préparait l’eau chaude pour nous laver et le matin, le petit-déjeuner.

Il était à deux doigts de nous servir carrément dans nos duvets c’était même nôtre réveil matin.

J’avais apporté du chocolat, ils l’ont dégusté avec un grand plaisir et en prenant leur temps, alors qu’on engloutissait tout ce qu’on mangeait. Ceci te remet les choses en place et te fait toucher du doigt le fait d’apprécier tout ce que tu as dans ton assiette.

DES RESSEMBLANCES ET DES DIFFÉRENCES AVEC LE RELIEF CORSE ?

Il y a beaucoup de différences avec le relief corse. C’est très vert et la végétation est très dense quasi tropicale durant les premiers jours de notre voyage. La Corse est un peu plus aride. La végétation en Tanzanie est différente de notre maquis et de nos gros châtaigniers et on n’a pas cette vue sur la mer. Mais il y a aussi des ressemblances, elles se trouvent sur le trajet de LAVA-TOWER. Plus rocailleux où on retrouve les pierriers comme en Corse.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS POUR BIEN VIVRE CETTE AVENTURE ?

Les conseils que je pourrais donner pour vivre pleinement l’aventure c’est de partager encore plus de moments avec les porteurs qui sont des personnes extraordinaires et d’une simplicité comme j’ai rarement vue. De profiter de chaque instant de cette aventure riche en émotions, humainement parlant. Peut-être aussi d’apporter plus de chocolat car ils adorent ça.

Il faut aussi se préparer aux intempéries car la pluie et le brouillard sont assez présents au début de l’ascension. Il faut aussi être un minimum préparé pour l’ascension pour ne pas être trop dans la difficulté en altitude.

QUELS ONT ÉTÉ LES MOMENTS FORTS ?

Le dernier jour, dans la nuit, malgré de grosses pluies, la joie sur le camp se fait sentir. Nos guides et les porteurs sont tous pressés de retrouver leurs femmes et leurs enfants. L’équipe nous attend pour la fameuse chanson du Kilimandjaro avec quelques pas de danse et d’énormes sourires. Cet instant fut un moment de partage indélébile et inoubliable.

Et un peu plus tard, quand nous arrivons à la sortie du parc nous récupérons nos diplômes et nous retrouvons toute l’équipe qui était toute «pimpante», parfumée. Ils étaient tous habillés, en chemises et en jeans prêts à retrouver leurs familles. Les derniers moments furent intenses en émotions. J’avais apporté des vêtements que je leur ai distribués. Ils avaient les yeux brillants, heureux du souvenir qu’on leur laissait, un simple t-shirt où un buff…

Il était alors temps de se dire un dernier au revoir autour d’une bonne bière africaine, au nom tout trouvé : «une kilimanjaro».

Ce voyage restera une aventure, avec des moments forts, des rencontres hors normes avec des gens simples. J’en sors grandi et j’ai vécu une grande leçon de vie et une ascension magnifique. Je pourrai dire que j’ai gravi « le toit du continent africain » et que j’ai foulé les neiges du Kilimandjaro.

Mes derniers mots resteront « HAKUNA MATATA » à tous.

Le Kilimandjaro en chiffres :

Sommet : 5.895 m

Composé de 3 volcans : Shira à l’ouest, Mawenzi à l’Est, le Kibo au centre.

Pays : la Tanzanie

La calotte glacière sur le sommet était autrefois clairement visible mais elle est désormais en phase de retrait rapide. Elle couvrait une superficie de 12 km² en 1912, 7 km² en 1953, 4 km2 en 1976 et 3 km2 en 1996.

Au cours du 20ème siècle, elle a perdu 82 % de sa superficie. Elle a perdu en moyenne 17 mètres d’épaisseur entre 1962 et 2001.

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