Quel vélo pour le Triathlon ?

Aéro, route ou contre-la-montre ? Quel vélo choisir lorsqu'on veut se lancer sur un triathlon ?

Les fabricants offrent aujourd'hui un panel extrêmement large de modèles potentiellement adaptés à la pratique de chacun... Comment choisir parmi un tel catalogue ? Quelles sont les différences entre tous ces modèles ? Qu’est-ce qui justifie les écarts  de prix ? Voici quelques pistes de réflexions...

Trois géométries de vélo.

Un vélo va pouvoir se classer dans l’une des 3 géométries principales suivantes : géométrie traditionnelle, géométrie CLM/Tri , et géométrie hybride. Ces familles se caractérisent principalement par la forme et "l'agencement" des différents tubes qui constituent le cadre. Ensuite, la différence se fera avec les matériaux de fabrication du cadre (acier, alu, carbone, et titane), et enfin son équipement (la transmission et les roues).

Prenons d'abord en compte le fait que votre position sur un vélo peut être schématisée par 3 points d'appuis principaux :

1) vos pieds, sur les pédales,

2) votre bassin, sur la selle,

3) et enfin votre point d'appui avant (soit vos mains, soit vos avant-bras)

Ces 3 points peuvent être rejoints les uns avec les autres, et donc former un triangle.

GEOMETRIE TRADITIONNELLE :

Très sobrement, ces vélos sont la représentation que l'on se fait de manière intuitive d'un vélo de route qui parcourt le Tour de France par exemple : un cadre (droit ou plus couramment appelé "slooping", mais nous y reviendrons après) un "guidon" traditionnel de route (on dit plutôt "cintre" d'ailleurs), des roues à jantes basses, et souvent à pneu, et puis c'est à peu près tout...

Les écarts de prix sont énormes ;  un modèle avec un cadre alu d'entrée de gamme de grande surface spécialisée va coûter entre 600 et 900€, alors que les modèles très haut de gamme, équipés d'un cadre carbone dernier cri, avec des formes de tubes presque "aéro" et avec une transmission électrique, pourront être affichés jusqu'à 10.000€, voire plus...  Les passionnés pourront s’abonner à notre confrère l’Acheteur Cycliste qui réalise des bancs d’essai chaque mois des différents modèles de vélos dans plusieurs gammes de prix.

Les cadres peuvent cependant avoir une connotation "aéro" ou du moins plus "typée" qu'un vélo à géométrie dite "droite": en effet, les vélos de route sont également à la recherche de gains en aéro aujourd'hui ! Cela peut parfois faire la différence ! Cela passe par la forme des tubes, résolument en forme de "goutte d'eau" (la forme la plus aérodynamique parfaite) et par le cadre, qui se veut avec des tubes plus courts, comme un cadre de VTT: c'est la forme SLOOPING (penchée en anglais). Les constructeurs GIANT et CERVELO en ont fait leur marque de fabrique, et cette forme s'est depuis très largement répandue ! Presque 100% des cadres sont slooping ou  très légèrement slooping désormais...

GEOMETRIE CONTRE LA MONTRE :

 

Le vélo préféré des triathlètes ! Quand il roule sur un tel vélo, le triathlète est sûr de se faire identifier comme tel, et pas comme un cycliste "tout court". Ces vélos se remarquent très vite : les tubes sont plus larges et généralement profilés en forme de goutte d'eau (pour l'aérodynamisme), les roues sont aussi équipées avec des jantes plus hautes (même en première monte) mais le point le plus différenciant se situe sur le poste de pilotage. Ce n'est pas un cintre traditionnel avec un prolongateur posé dessus, mais véritablement un cintre droit, que l'on a longtemps appelé "corne de vache", et qui se nomme aujourd'hui "basebar".  Basebar, car c'est la base du poste de pilotage (véritable cockpit, puisque vous êtes sur un avion de chasse !), sur lequel va venir se poser le fameux prolongateur aéro. Et c'est là que réside toute la différence entre un vélo aéro et un vélo traditionnel : sur un vélo de route, votre appui à l'avant (le guidon) se fait sur les mains (ou sur les leviers de freins ou les mains en bas du cintre...), donc vous avez besoin d'être assis sur votre selle, pour respecter certains angles biomécaniques.

Par contre, sur un vélo de contre la montre (CLM), vous serez posés la plupart du temps sur vos avant-bras (quelques centimètres sur l'avant de vos coudes). Votre point d'appui avant sera donc beaucoup plus bas que sur un vélo traditionnel, et aussi situé beaucoup plus près de votre selle (les coudes sont plus proches de votre corps que vos mains normalement...). Cela vous permettra d'avoir une position nettement plus aérodynamique (l'ADN de ce type de vélo), mais cela aura aussi d'autres incidences : un pédalage plus en avant, qui impliquera des masses musculaires plus sollicitées que sur un vélo traditionnel, notamment les muscles fessiers. Et ça tombe bien, ils font partie des muscles les plus puissants du corps humain de par leur constitution...

Par contre, deux points importants à signaler:

1) c'est un vrai pilotage, différent d'un vélo traditionnel ; les premiers kilomètres sont vraiment déstabilisants. Prenez le temps de dompter votre machine sur une route à faible circulation et mettez-vous en position aéro de manière progressive....

2) la position étant résolument différente, le corps va devoir passer par une période d'adaptation à cette nouvelle position : commencez par 2 à 3 "blocs" de 4 à 6' d'abord en position aéro, entrecoupés de 10' en position "sur les mains". Ne mettez pas trop de gros développement tout de suite (ce qui est TRES tentant), car sinon, vos fessiers se manifesteront assez fortement dans les 48h!

Enfin, n'hésitez pas à prendre conseil pour bien respecter certaines règles biomécaniques, et surtout, prenez-vous 5 à 10' après la séance pour bien vous étirer les chaines musculaires sollicitées (fessiers, ischios-jambiers mais aussi et surtout les trapèzes, qui maintiennent votre tête).

GEOMETRIE "HYBRIDE" :

Afin d'avoir "le beurre et l'argent du beurre", les différentes marques se sont mises à fabriquer des modèles "à géométrie variable", regroupant les avantages des deux géométries "extrêmes". Les modèles les plus aboutis vont jusqu'à reprendre les avantages aérodynamiques des vélos de chrono: freins intégrés (parfois avant et arrière), géométrie plus aéro dans la forme des tubes (certains sont de vrais modèles de chrono avec un cintre traditionnel).

Vous avez ainsi pratiquement la possibilité d'avoir deux vélos en un, grâce à ce type de vélo: sur les épreuves roulantes, vous prenez 5' pour faire deux modifications, et vous voilà aux commandes d'un vélo de CLM. Ces modifications sont assez simples: cela consiste à ajuster votre recul de selle (soit en avançant le chariot, soit en inversant la tige de selle, et donc la selle!) et à raccourcir et/ou baisser votre poste de pilotage (en mettant une potence plus courte et/ou plus bas). Sur les épreuves plus vallonnées, vous posez simplement vos prolongateurs, et hop, vous pourrez vous mettre en position aéro pour avoir plus d'aérodynamisme et de puissance sur les quelques parties roulantes, et bénéficier d'un vélo hyper dynamique dans les montées...

COMMENT CHOISIR VOTRE VELO ?

Mettez en face votre envie de pratique, et le vélo le plus adapté à celle-ci !

Si vous vous lancez dans l'achat d'un vélo, c'est que vous avez envie de vous investir dans la pratique du triathlon, et le vélo prend une part importante du volume réalisé en aérobie. Vous allez donc passer une majorité de votre temps sur cette machine...

Si vous êtes un(e) débutant(e), éliminez de suite le vélo de CLM. Trop exigeant, trop cher, et très difficile à maîtriser en terme de pilotage. Partez sur un vélo route traditionnel, voir un vélo hybride si vous savez que le virus du triathlon est là pour plusieurs années...Mettez aussi en avant la partie vélo de votre défi majeur de la saison :

Si le parcours que vous avez choisi d'affronter est montagneux, alors peu de question à se poser : en route pour un vélo traditionnel ! Cependant, prenez soin de prendre un vélo à géométrie assez courte (si vous hésitez entre 2 tailles, prenez toujours le plus petit des 2), car si vous mettez un prolongateur sur un vélo trop long, vous ne pourrez pas trouver de position agréable à maintenir longtemps, et vous ne pourrez pas courir après !

A l'inverse, si le parcours est relativement plat, vous avez la possibilité de partir sur un vélo de CLM. Cependant, ce type de vélo est un peu exigeant, et souvent moins confortable qu'un vélo traditionnel.

Si vous avez déjà un minimum d'expérience, et que vous savez que vous ne ferez QUE des parcours roulants (ou très peu vallonnés), alors partez sur un "avion furtif". Faites vous plaisir, mais sachez également que ce type de monture a aussi un coût souvent plus élevé. Sinon, privilégiez les vélos hybrides, véritables caméléons pouvant s'adapter à votre pratique selon la saison ! Pour les athlètes désireux de ne pas avoir un vélo trop exclusif, c'est vraiment une solution idéale !

Par Mikael Lecuivre, Fit-Tri.com

Photos : Gilles Reboisson, Thierry Sourbier.

5 pensées sur “Quel vélo pour le Triathlon ?

  • mai 23, 2018 à 5:34 pm
    Permalink

    Bonjour,

    Votre article est très utile, merci.
    Très intéressé par les vélos à géométrie hybride, j’aurais aimé avoir plus de visibilité sur les modèles du marché.
    Pouvez-vous svp me donner des noms de marques qui en produisent ou des sites qui en distribuent.
    Merci beaucoup.
    Sportivement,
    Edward.

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  • Ping : Comment préparer le triathlon ? – jefaisdusport.com

  • novembre 26, 2019 à 1:53 pm
    Permalink

    Bonjour,

    Votre article est très complet. Cependant je rajouterais qu’il est presque indispensable de faire une étude posturale après l’achat d’un vélo de contre-la-montre.
    Personnelement, suite à l’acquisition d’un nouveau de triathlon d’une marque Française , j’ai été obligé de faire une étude posturale car il m’étais impossible d’enchainer 50km sur les prolongateurs sans avoir d’horribles douleurs cervicales. La géométrie du Pacer Ultimate étant très radicale, tout comme le Cervélo de votre article.
    Le vélo est visible sur https://pacer-bikes.com et vous comprendrez alors qu’il est nécessaire de passer par cette étape.

    Merci pour tous les conseil !

    Sportivement,
    Mickael

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