A SERRA DI U CAPI CORSU

diagonale du cap

Frédéric Raffaelli a fait la diagonale des fous en 2018 et il est revenu sur son île natale, la Corse, avec l’envie d’y installer une diagonale dans la montagne sauvage du Cap Corse. Au départ du petit port de Centuri, au nord du Cap, la course au nom très local «A Serra di u Capi Corsu» (pour la traversée du Cap Corse), a proposé le 19 octobre dernier à 250 trailers de rallier le port de Centuri au vieux port de Bastia en empruntant les crêtes du Cap. Retour sur cette première édition pleinement réussie.

Texte : Eric Delattre Photos : Malaury, Mathys, Isabelle, Castalibre, Armand Luciani, René Sammarcelli

 

LA DIAGONALE DU CAP

Il est 6 h du matin sur le petit port de Centuri plus habitué aux casiers à langoustes qu’aux Camelbaks ou autres gilets de trail. Nous sommes près de 250 trailers à attendre le coup d’envoi de cette première édition du trail du Cap (A Serra di u Capi Corsu), prêts à affronter les 56 km qui nous séparent du vieux port de Bastia et à gravir les 3.200 m de dénivelé au programme à travers les crêtes du Cap.

Les tenues sont parfaites, de nombreux trailers ont un look de pirate, bandeaux sur la tête, ils rendent hommage à l’histoire de Centuri, principal chantier naval de la flotte corsaire de Pascal Paoli.

Le peloton est composé à 86 % de trailers insulaires, les Corses veulent célébrer ce nouveau trail et tester cette nouvelle organisation d’ultra-trail du nord de la Corse et ils ne seront pas déçus. Il fait encore nuit et les frontales seront nécessaires pendant 1 h 30 avant l’aurore. Après les encouragements du maire de Centuri, levé tôt en ce petit matin et après une chanson corse composée pour l’occasion, le peloton s’élance dans les petites rues de Centuri  avant de grimper direct dans la pente par les petits chemins reliant Centuri à la route de corniche qui fait le tour du Cap.

diagonale du cap

LA MONTEE

Après avoir traversé le village de Cannelle et être passés sous ses voutes en pierre, nous arrivons le souffle court au pied du Moulin Mattei, aux couleurs de la célèbre boisson du Cap Corse. Après un court répit sur une piste plus plane, on retrouve rapidement les chemins pentus jusqu’aux éoliennes au-dessus du village d’Ersa. Les plus rapides sont loin devant et le peloton s’étire tranquillement.

Le parcours et le nombre réduit de participants font qu’il n’y aura aucune attente ni ralentissement. Au-dessus de Morsiglia, nous parvenons rapidement à la première intersection avec la route (D35) qui me permet de croiser une première fois la Team des supporters RESPIREZ qui nous suivent et nous donne du courage.

Le plus rapide de la Team, David, est déjà loin devant, je le suis d’un petit quart d’heure et Jean-Jacques et Mélanie sont quelques minutes derrière moi.

On continue de monter et de rejoindre la crête. Après 1 h 30 de course, on découvre le côté Est du Cap et le lever du soleil. Un bénévole est monté par la piste avec sa 2CV rouge qui rougit de plus belle éclairée par les premiers rayons du soleil apparus sur la mer, accompagnés par des chants corses.

Vers 9 h 30, je recroise la route au Col Santa Luccia et la Team RESPIREZ s’est étoffée et m’encourage de nouveau. J’hésite à remplir mon camelbak, il me reste encore de l’eau. Je fais l’impasse mais je le regretterai un peu plus loin. Derrière la chapelle Sainte Lucie, on monte vers la Tour de Sénèque et plusieurs photographes nous attendent dans la pente pour immortaliser l’instant. Quatre photographes se sont répartis sur le parcours pour capter l’émotion et la beauté des paysages.

diagonale du cap

DANS LE DUR…

Le plus gros morceau arrive en fin de matinée, l’ascension du sommet du cap (Cima di E Follicie – 1322 m) suivie d’une grande descente vers le col Saint Jean. N’étant pas un grand descendeur et redoutant la chute, je perds beaucoup de temps dans la descente. Cela me permet de croiser pas mal de trailers qui me doublent en descente et que je reprends dans la montée.

11 h 30, arrivée au Col Saint Jean, je suis assoiffé et je recharge le camelbak. La team RESPIREZ est montée en 4×4 (merci Michel) et s’est encore étoffée. Mathys, notre community manager, m’attend avec le drone pour faire des images aériennes pour restituer la beauté de ce parcours. J’avale la part de gâteau de patate douce préparée avec amour par Malaury (une recette de Charlotte Morel qui a fait ses preuves sur Ironman et que je teste sur Ultra Trail). C’est de l’énergie pour plus tard. J’ai géré ma nutrition en trois phases. Les 3 premières heures sont assurées par un petit déjeuner copieux à base de granola, de fruits et de maltodextrine mélangée avec de l’amande. Les 3 heures suivantes je marche aux barres d’énergie (Enduractive d’Alain Roche) prises toutes les heures à compter d’1 h 30 de course. Les 3 dernières heures sont assurées par le gâteau de patates douces avalé après TRAIL 19 OCT. 2019 5 h de course. Je termine aussi avec les barres aux fruits rouges Enduractive. Au final 8 barres + une belle part de gâteau de patates douces et aucun problème de digestion ni de manque d’énergie après 9 h 30 de course. La rubrique Nutrition du magazine RESPIREZ m’a bien servie.

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L’ARRIVEE AU SOMMET

A 12 h j’arrive sur les pentes du Stellu, 1307 m, deuxième sommet et peut-être le plus connu du Cap qui commence à se couvrir de brume. L’ambiance change et la température chute un peu. On retrouve le soleil dans la descente. Depuis le col Saint Jean je suis sur terrain connu. J’avais fait le parcours en août dernier avec mon fils, Hugo, 20 ans qui avait parcouru les 27 derniers kilomètres. Moralement c’est important de pouvoir visualiser les derniers efforts à produire avant la descente. Mais quand le balisage nous fait redescendre vers la piste de San Martino, je me demande si je ne me trompe pas de parcours. Mais je comprends que pour assurer ce dernier ravitaillement, l’organisation n’avait pas le choix que de nous faire descendre. Mais la conséquence ne tarde pas à s’imposerà moi. Il faut remonter vers les glacières de Cardo, les «nivere», lieu ancestral de stockage de glaces. Un dernier effort avant d’entamer une descente de 12 km vers le vieux port de Bastia. Une délivrance pour certains mais pas pour les piètres descendeurs comme moi.

Je retrouve un compagnon de route, Marc. Nous nous suivons depuis Centuri sans l’avoir organisé. Il semble que nous ayons le même rythme. Il est aussi prudent que moi dans les descentes et nous nous prenons des relais lorsque nous pouvons courir. On tape un peu la discute, Marc est arrivé il y a 4 ans en Corse et nous échangeons sur les valeurs d’accueil des Corses et sur la beauté de son environnement pour tout amoureux de sport Nature. La fin approche et on commence à visualiser le vieux port. Un dernier relâchement me fait buter contre une nième pierre et je m’étale sur la piste dans un roulé boulé dont je suis coutumier. Plus de peur que de mal, mon coude et mon genou légèrement entamés ne m’empêcheront pas de rejoindre Bastia.

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CARDO

Lors du passage au village de Cardo, je vois revenir plusieurs féminines plus à l’aise que moi dans les descentes. On a tous hâte d’arriver. Quand on emprunte les escaliers qui descendent au vieux port on commence à entendre l’ambiance de la ligne d’arrivée. On termine dans la même foulée avec Marc heureux d’avoir rallié le port de Centuri à celui de Bastia. Frédéric Raffaelli est là pour nous accueillir. Je le félicite pour la qualité du parcours et la gentillesse des bénévoles.

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LA FINISH-LINE

La joie est toujours intense de franchir la finish-line, décuplée par le sourire de ma famille et de mes amis heureux de me voir terminer mon premier Ultra. Petit certes mais Ultra quand même avec ses 56 km et ses 3.200 m de dénivelé.

David est déjà douché quand j’arrive (un camion douche était à disposition pour les coureurs sur le vieux-port, le luxe). Jean Jacques terminera lui aussi ce premier Ultra sur ses terres et Mélanie terminera même première de sa catégorie des 18- 24. Chapeau la benjamine ! (voir ses impressions plus loin).

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LES VAINQUEURS

Un grand bravo au trio de vainqueurs, arrivés main dans la main sur le vieux port. Fred Callier, Noël Giordano, Jean-François Hautin qui marquent leurs noms au palmarès de cette première édition après 6 h 32 de course.

Bravo aux trois premières féminines, Julie Marini, Léa Culus et Sandra Tapiero (et à David qui les a accompagnées en terminant 22ème au scratch). Heureux d’avoir vécu cette première édition de l’intérieur. Cette course, parfaitement organisée par l’association Mantinum, va à coup sûr s’installer durablement dans le calendrier du trail en Corse. Ne ratez pas les inscriptions car vu le plaisir pris par tous, les places seront vite prises pour l’année prochaine.

Mathys, toujours très efficace a mis en ligne rapidement la vidéo dès le lendemain de la course. Elle est toujours visible sur notre chaîne Youtube. Merci aux bénévoles corses et à la Corse de nous procurer autant de plaisir.

Merci à la Team RESPIREZ pour ce week-end fabuleux et pour ce premier Trail Ultra bien accompagné. Merci à Frédéric, l’organisateur, pour l’état d’esprit et la mise en valeur du patrimoine du Cap Corse.

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EN CHIFFRES

1ère édition : 19 octobre 2019

Nombre d’inscrits : 250 participants dont 30 relais

Distance : 56 km

Dénivelé : 3.200 m

Formules : solo ou en relais de 2

Organisateur : I Mantinum

Temps vainqueurs : 6h32 1ère féminine : 7h36 Dernier finisher : 13h46

Prochaine édition : 17 octobre 2020 Inscriptions en février 2020

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TÉMOIGNAGE DE MÉLANIE

«56km et 3000 D+ ! Jamais je n’aurais imaginé pouvoir terminer une telle distance, de plus sans bâtons. C’était pour moi un challenge que je m’étais fixé et je suis très fière d’avoir pu atteindre cet objectif.

Le 19/10, 06h, lorsque le départ a été donné, j’étais partie pour plusieurs heures de trail, stressée mais motivée ! Après avoir voulu abandonner au col St Jean, à 32km, pour un petit soucis de crampe, je me suis remise d’aplomb et j’ai finalement continué. Mon objectif était de terminer, je ne pouvais pas abandonner comme ça. Il ne restait que 25 km ! Le corps est une belle machine que le mental ne vient que renforcer.

Pour la suite je me sentais finalement très à l’aise, passer les 40 km, à mon grand étonnement. Les paysages, depuis le départ de Centuri étaient de plus en plus beaux, du lever de soleil à l’arrivée sur le vieux port de Bastia. Notamment la vue depuis la Cima di E Foliccie, le sommet du Cap, était juste splendide. Il y a eu de quoi en prendre plein les yeux tout au long de ce trail.

Et enfin, l’arrivée sur Bastia, l’arche était juste là, plus loin devant moi, je ne réalisais pas que j’arrivais au bout de ces 56km. Mon copain, Thomas, était présent à l’arrivée. C’était une joie de le retrouver enfin ici après 12h40 de trail…

Au final, je n’ai pas vu le temps passer, mais ça a été très fort en émotion et en sensations. Une expérience incroyable. Puis l’organisation était au top, un grand merci à toutes les personnes qui ont participé au bon déroulement de ce superbe trail A Serra Di U Capi Corsu. A l’année prochaine qui sait…»

diagonale du cap témoignage Mélanie

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