Ultra Trail du Mont Fuji : la perle du Japon
Si l’Asie est à la pointe de la pratique du trail aujourd’hui, c’est au Japon que le premier grand événement international a vu le jour, en 2012 : l’Ultra Trail du Mont Fuji est, depuis, devenu une référence. Nombreux sont les Européens à vouloir venir faire le Tour de ce géant à la cime saupoudrée…
Par Luc Beurnaux – Photos : organisation
Hong Kong, Chine, Thaïlande, Vietnam, et donc Japon. Le trail à la mode asiatique est une « denrée » très prisée de nos jours. Ce sport, dans cette partie du globe, est en pleine expansion, à l’image des économies locales galopantes. Au fil des ans, l’expérience aidant, le niveau sportif local est en train lui aussi d’exploser, et de dépasser les frontières de ces pays lointains. On a vu ainsi l’émergence, à l’UTMB 2018, de coureurs chinois – hommes et femmes - sur les courses annexes. En ce début d’année, le 100 miles de Hong Kong a vu aussi la domination sans partage des coureurs asiatiques, qui ont dominé les grands leaders européens, au point de truster les trois premières places des podiums, et de reléguer les Occidentaux aux accessits.
Dans ce contexte de « mondialisation » du trail, et notamment de ce côté-là de la planète, le Japon, moderne et libéral, a sans doute été le fer de lance de ce mouvement. La population sportive japonaise est friande des sports d’endurance ; on peut même dire des efforts extrêmes. On a tous en tête les images de ces « kamikazes » des temps modernes, qui vont aux frontières de leurs limites, dans des rictus de souffrance, franchir la ligne d’Ironman, de marathon, de 100km ou d’épreuves de 24 heures, et, désormais, donc, de trail running et d’ultra-trail. A Chamonix, le Japon était la 9e nation la plus représentée l’an dernier, devant les Etats-Unis, ou l’Allemagne.
Ils sont aujourd’hui nombreux à avoir suivi le chemin tracé par Tsuyoshi Kaburaki, la star retraitée de l’ultra trail nippon. 12e en 2007 pour sa première participation à l’UTMB, puis 4e en 2008, il restera comme le premier Japonais à monter sur le podium de l’épreuve chamoniarde, grâce à sa troisième place, en 2009.
Véritable icône au pays, Kaburaki est ensuite devenu le maître d’œuvre de l’Ultra Trail du Mont Fuji. Fort de son expérience internationale, de son vécu sur les ultras de la planète, Kaburaki a transformé l’essai en 2012, en lançant la première édition de cette épreuve. Comme son pendant européen à Chamonix, l’UTMF (pour Ultra Trail du Mont Fuji) a misé sur l’image mythique du Mont Fuji pour asseoir le premier 100 miles du pays, et séduire les foules sportives. Aux quatre coins du monde, les images des cerisiers en fleurs ou du mont Fuji au cratère saupoudré de neige ont vite fait de faire rêver les globe-trailers, toujours avides de nature, de découvertes et d’évasion.
Au Japon, les valeurs propres au trail running mondial trouvent en outre un écho particulier, ne serait-ce que pour correspondre à la connexion – très fort et viscérale - qu’ont les Japonais avec la Nature. Le parcours laisse aussi rêveur. Il propose ainsi un tour de la montagne mythique par ses chemins les plus proches, tracés au pied du géant japonais, parfois au cœur de forêts profondes, sur des terrains techniques, et escarpés, présentant au cumul près de 8000 m de dénivelée positif sur l’ensemble du parcours. Un tracé qui laisse aussi entrevoir certains trésors géologiques et naturels de la région, comme les chutes de Shiraito, le lac Motosoko, les caves de glace du Narusawa, ou encore le village traditionnel d’Oshino. Une immersion dans une culture nippone totalement dépaysante, tellement éloignée de la nôtre.
Sur le papier, l’UTMF a de quoi séduire.
Sur le terrain, l’épreuve a dû faire face à des impondérables météo auxquels les évènements de sport nature sont malheureusement exposés. De 2012 à 2014, l'UTMF était organisé en avril. Face aux températures très basses enregistrées sur le parcours, de nuit et en altitude, les organisateurs avaient choisi de décaler la date au mois de septembre. Sauf que ce fut pire. Les 4e et 5e éditions (2015 et 2016) ont été marquées par des conditions météorologiques particulièrement difficiles, à cause notamment de fortes pluies, issues de la queue d’un typhon. En 2016, l’organisateur, Tsuyoshi Kaburaki, se présentait en larmes aux coureurs, pour leur annoncer l’arrêt de la course après 40 km. Une image saisissante, qui montre combien l’échec peut être honni au pays des Samouraïs. Autant d’épisodes malheureux, qui, fort heureusement, ne mettront pas en péril la pérennité de l’épreuve, ni n’entacheront sa réputation.
Etape de l’Ultra Trail World Tour, l’épreuve accueille toujours la crème des coureurs internationaux (les Français Julien Chorier et François d’Haene s’y sont imposés en 2012 et 2014, Xavier Thévenard en a fait l’un de ses objectifs 2019), mais aussi près de 2400 coureurs amateurs du monde entier. Pour simplifier la tâche de l’organisation, seul le 100 miles est au programme de l’édition 2019. Le format STY (pour Shizuoka To Yamanashi), long de 92km, et qui constituait une « porte d’entrée » vers le 100 miles, a été supprimé du programme. « Cela impliquait trop de contraintes de sécurité et de logistique, avec notamment deux départs et deux arrivées en deux endroits différents » explique-t-on du côté de l’organisation. Re-décalée au mois d’avril depuis l’an dernier, l’UTMF a semble-t-il retrouvé une certaine sérénité.
L’Ultra Trail du Mont Fuji en chiffres :
Lieu : Japon
Millésime 2019 : 7e édition
Dates : 26 au 28 avril 2019
Distance : 167 km pour 8000m D+
Temps maximum autorisé : 46 heures
Participation : 2400 coureurs, dont 800 étrangers
Sur tirage au sort (et à condition d’avoir engrangé 12 points ITRA sur 3 courses dans les 3 dernières années).
Tenants du titre 2018 : Dylan Bowman (USA – 19h21) et Courtney Dauwalter (USA – 23h57)
Infos : www.ultratrailmtfuji.com