MOTATAPU : fête les Sports Nature
Dans la région d’Otago, au sud-ouest de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, il existe depuis 15 ans un événement annuel appelé le Motatapu. C’est une compétition de sports de plein air qui se déroule sur 2 jours. Connue pour ses parcours exigeants, mais néanmoins réalisables, elle attire aujourd’hui plus de 4000 personnes.
Texte et photos : Isabelle SMOUCOVIT
Durant le Motatapu, toutes les épreuves partent de Glendhu Bay, au bord du lac Wanaka. Et toutes se terminent à Arrowtown, plus au sud. Trois sports Nature sont au programme : triathlon X Terra, trails, VTT. Tous les tracés passent par la vallée Motatapu, nom aussi donné à la rivière qui l’emprunte.
En Nouvelle-Zélande et particulièrement dans la région de Queenstown, les sports de plein air sont légion. Et pour cause, cette partie du pays offre une variété impressionnante de paysages et de terrains.
L’épreuve «ultra run» emprunte le Motatapu track qui est un chemin de randonnée de 34km. Cette randonnée se fait habituellement en 3/4 jours. Le parcours de la course que nous allons faire est rallongé à 53km, avec un dénivelé positif de 2900m et les coureurs ont la journée pour arriver.
SAMEDI 9 MARS 2019, À QUELQUES 18 000 KM DE CHEZ NOUS. CAMPING DE GLENDHU BAY, 4H DU MATIN.
Je sors du van en essayant de ne pas faire de bruit. Je file à la cuisine préparer D mes flasques et vérifier mon camelbak une dernière fois. Il y aura une vérification du matériel obligatoire au 1er check point (9ème km). Hormis des vêtements chauds, nous devions prendre une trousse de secours avec une liste bien précise de bandages différents, des ciseaux, etc…
L’un des organisateurs m’avait expliqué que le tracé de la course est fait sur la quasi-totalité du chemin de grande randonnée, l’arrivée d’éventuels secours peut prendre plusieurs heures et il faut donc être équipé de façon à se prendre en charge avant les secours. A cela il avait ajouté «Ici ça n’est pas du tout comme en Europe». Bon, je verrai bien ce qu’il se cache derrière ces mots !
6h, le départ est donné à la frontale. Est-ce moi qui suis mal réveillée ou bien les trailers sont-ils vraiment tous partis comme des fusées ? J’ai cette mauvaise impression d’être complètement larguée dès les premiers kilomètres. Mais impossible de courir plus vite, il faut que je reste hyper concentrée sur mes pieds pour éviter les racines et les petits ruisseaux boueux qui se mettent en travers du single sur quelques kilomètres. Et ensuite, il faut attaquer la montée (1000d+ sur 8km). Le chemin serpente dans une montagne de hêtres rouges, de cascades et de chutes d’eau. Au sommet, nous avons pu voir le soleil se lever au-dessus de la vallée Motatapu. La vue est magnifique, mais ça ne sera pas la plus belle.
Nous descendons un sentier ardu de 6km puis ensuite nous attendent 3 bosses de 600d+ chacune, sur seulement 13km …
UNE EPREUVE FAITES DE HAUTS ET DE BAS
Je ne saurais pas vraiment dire ce qui a été le plus éprouvant : les montées ou les descentes ? Car le terrain, à la fois glissant et tellement pentu, nous offrait un sentier presque aussi étroit que la largeur de mes 2 pieds réunis. Parfois, un sillon de ruisseau bien caché par les herbes hautes nous faisait une mauvaise blague. Parfois, c’étaient les racines (encore elles) ou bien les passages de boue dans lesquels on ne sait pas trop si on va s’enfoncer jusqu’au genou ou si ça va passer.
Avec tout cela réuni, et une dizaine de chutes au compteur, j’avais décidé que le maître mot serait «vas-y mollo». Ça serait trop bête de terminer les vacances en boitant.
Plus nous avancions dans la course, plus nous pouvions admirer, en regardant derrière nous, le chemin parcouru depuis le lac Wanaka, que nous arrivions à distinguer au loin. Entre le lac et nous, un relief à couper le souffle se déployait, et l’on distinguait une multitude de monts aux alentours.
SEULS FACE A LA NATURE
Le plus incroyable, c’est que nous étions absolument seuls dans toute cette étendue. Aucune trace de la présence humaine.
Arrive le 26ème km, qui comprenait l’avant-dernier ravitaillement. Je regarde ma montre : 6h de course !! Sommes-nous rentrés dans une autre dimension espacetemps ? Presque tous les coureurs sont éreintés et la plupart prennent le temps de s’asseoir un moment avant de repartir. Cela me rassure un court instant…
Il faut attaquer la dernière bosse : 2,5km pour gravir 600d+. Je parviens difficilement au sommet, tout en me répétant que les 20 derniers km qui m’attendent après ne sont que de la descente et du plat, donc tout sera plus facile une fois en haut.
Arrivés à 1275m d’altitude, nous sommes au point culminant du Motatapu track: «Roses saddle».
Le paysage efface la douleur de l’ascension. Un petit tour à 360° nous donne une vue sur une immensité teintée de jaune, vert, bleu … on aperçoit la rivière qui sillonne la vallée, entourée des monts. Pas de trace de route ou d’habitation dans tout ce paysage infini. Le chant des oiseaux et des cigales, et c’est tout.
DONC ME VOILA ENFIN ARRIVEE EN HAUT !
Je fais un petit calcul et me dis que si je ne lâche pas, je peux finir en 2h. Après tout, il ne reste que 20 km de descente et de plat…
Erreur… ne jamais faire ce genre de projection sans connaître le terrain… Tout d’abord, la descente était du même acabit que les précédentes, pas de cadeau ! Et le plat… et bien c’était plat car le sentier est DANS la rivière ! Une rivière de gros cailloux. Froide. Glacée. Parfois profonde. Parfois avec beaucoup de courant. Donc non, je ne mettrai pas 2h pour finir. Je ne parviens pas à courir et à délier mes jambes dans cette rivière qui va continuer quasiment jusqu’à l’arrivée.
Vers la fin, nous croisons des VTT de l’épreuve de mountain bike, eux aussi ont eu pas mal de traversées de rivières.
L’ARRIVEE
Puis arrivent les 5 derniers km : du chemin forestier tout à fait praticable, aucun obstacle en vue ! Je laisse aller mes jambes (ou ce qu’il en reste) jusqu’à la ligne d’arrivée, on me donne une médaille (cellelà je la garderai bien au chaud), je regarde ma montre: 10h de course. Bien loin du chrono que je m’étais fixé. Et je me rappelle ce qu’on m’avait dit la veille «Ici ça n’est pas du tout comme en Europe». Maintenant je comprends un peu mieux ce qu’il y a derrière ces mots !
Avant d’arriver sur cette course, nous avions parcouru la Nouvelle-Zélande en van depuis l’île du Nord. Je ne compte pas le nombre d’arrêts sur le bord de la route que nous avons fait pour admirer le paysage, en dehors de nos points de chute qui ont ponctué les 2500 km de notre road trip. Le relief majestueux, exempt d’habitations ou de constructions, me laissait toujours bouche bée. Courir dans ce cadre si beau et si naturel est pour l’instant LE souvenir le plus marquant de toutes mes courses, tant par la difficulté du parcours que par sa beauté !
La Nouvelle-Zélande est une destination à inscrire dans votre «Wish List» des spots de sports Nature.