LES FOUS DE LA DIAGONALE – 1er Témoin

DAVID DECHAMPS 46 ANS – NÎMES – 46 H – 631 ÈME

QUEL ÉTAIT LE CONTEXTE DE TA DIAGONALE ?

C’était ma première Diagonale. La course à faire au moins une fois dans ta vie. C’était le bon moment car avec 2 autres amis on avait décidé ensemble de se lancer dans cette aventure. Une première édition pour chacun des 3 membres de notre groupe. Ma préparation s’est faite sur l’Eco-Trail de Paris (80 km), La Sainté-Lyon (81 km), le Trail de la Vannoise, le Trail de Serre Chevalier Salomon lors d’un week-end choc ou j’ai enchaîné deux trails, le samedi et le dimanche.

A QUOI PENSE-T-ON PENDANT 46 H D’EFFORT ?

Forcément on pense à ceux qu’on aime, toutes les personnes qui nous permettent de vivre ce moment et les personnes qui ont des préoccupations bien plus douloureuses !! Rester positif et optimiste a été ma motivation. Sur la Diagonale, on part de nuit, c’est assez impressionnant. Les 10 – 15 premiers kilomètres on profite de l’instant tout en gérant son allure car on sait que ça va être très long. On commence en s’observant, on est attentif aux sensations. J’avais l’impression que je manquais de kilomètres malgré l’entrainement. Le départ c’est l’ambiance du Tour de France. Le public est formidable et nous porte sur les premières pentes. Il ne faut pas céder à l’euphorie à ce moment-là. De 15 à 60 km on gère progressivement la montée en température et en altitude et on attend le premier lever de soleil.

Entre le 60ème et le 120ème kilomètre on attaque le gros du parcours. C’est cette portion qui détermine la réussite (ou non) de ta course. Le premier matin j’étais finalement assez surpris de mon état de forme et les sensations étaient bonnes. Du coup le plaisir était là et j’arrivais à partager ces moments avec mes amis de course.

L’idée, à ce moment-là, était de maintenir ce rythme et de prolonger l’état de forme. Mon objectif de départ étant de finir, je n’avais pas la pression du chrono mais je sentais que j’allais pouvoir éviter la 3ème nuit.

Au 90ème km arrive la 2ème nuit. On est à la moitié de la course et la moitié du dénivelé. Ça commence à devenir dur. Le corps tient (ce qui m’étonne encore) mais la vigilance commence à baisser et il faut rester attentif de nuit.

COMMENT AS-TU GÉRÉ LE SOMMEIL ?

Le secret est d’accumuler du sommeil avant la course. Il faut s’obliger à dormir les jours avant la course. Le première nuit peut se passer sans réelle difficulté, on est sur l’adrénaline du départ. Mais la deuxième nuit on s’est arrêté 1 h pour finalement dormir 10 minutes. Il y a un peu la queue devant les tentes de l’organisation. On nous laisse dormir 20 mn et il faut laisser la place. Le bon choix aurait été de s’arrêter sur le côté du parcours pour dormir ou d’avoir une assistance qui a prévu la tente.

Ça donne vraiment envie quand on passe devant ces campements «privés» et ça donne des idées pour la prochaine fois…

QUELLES ONT ÉTÉ TES SENSATIONS DANS LA DERNIÈRE PARTIE DE LA COURSE ?

J’ai commencé à fatiguer le matin du deuxième jour. C’est en repartant du ravitaillement ou je suis resté 1h (trop peut-être) que j’ai commencé à ressentir la fatigue. A ce moment-là, tu sais que tu vas finir la course. La pression redescend un peu. La dernière partie est en théorie la plus facile. Le relâchement n’est finalement pas une bonne idée et je suis rentré dans une phase un peu compliquée pendant 10 km.

Ensuite la forme est revenue mais dans le chemin des Anglais, j’ai vécu mon calvaire. J’ai eu une sensation de cloques et de brûlures sous les pieds due à la chaleur des pierres. Je me massais les pieds régulièrement, j’avais du mal à repartir et à quitter cette sensation de soulagement.

Après cet épisode et une belle averse, c’est reparti et j’ai passé la ligne d’arrivée sans aucune douleur en faisant le DAB (geste de la tête dans le coude les bras en l’air) promis à mes enfants.

POUR QUELLE RAISON CONSEILLERAIS-TU CET ULTRA TRAIL PLUS QU’UN AUTRE ?

Ce trail fait partie des plus durs du monde mais ce n’est pas la difficulté de cette course que je retiens, c’est l’accueil et l’ambiance des réunionnais qui sont exceptionnels. C’est un événement qui concerne toute l’île et qui mobilise toute la population. Ce n’est pas la course d’une organisation mais l’événement de toute une île. Une première édition qui en appelle une autre. J’ai envie d’y revenir avec de l’expérience accumulée et d’y être plus performant.

Cette épreuve est d’une extrême difficulté par sa longueur, son dénivelé, sa chaleur mais elle se détache surtout de toutes les autres par sa grande technicité, la violence des pentes, ses milliers de marches et d’escaliers, ses racines, ses rochers et la vigilance qui est de mise en permanence, J’ai pris énormément de plaisir dans cette course grâce à la beauté du parcours, la générosité, la bonne humeur des réunionnais, merci aux personnes qui m’ont suivi et aux bénévoles d’une grande disponibilité, d’écoute, de bienveillance et gentillesse.

Les fous de la diagonale ne sont pas ceux que l’on croit.

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