En Route avec Aile – Olivier PEYRE
Un bel ouvrage de littérature de voyage. Inspiré à l’âge de 13 ans par son frère qui traversa la France à vélo, Olivier, ingénieur de formation décide de faire le tour du monde sans moteur.
Un voyage à la seule force de ses jambes sur son vélo surnommé le «Baroudeur», à la force du vent en pratiquant le voilier-stop au gré de ses rencontres il s’offre dans chaque pays traversé des vols en parapente des plus beaux spots de vol libre qu’il inaugure parfois.
En Australie il roule plusieurs centaines de kilomètres tracté par sa voile de parapente. Il mettra 7 ans à rentrer et à terminer son tour du monde. Ce livre est aussi une quête personnelle une réflexion sur le sens à donner à sa vie et sur la rencontre de l’autre et ses enseignements. En route avec Aile cache aussi une autre route avec « Elle » cette fois. Celle qui aura accompagné en pointillé cet aventurier dans ce périple et aura su l’encourager. Une lecture pleine d’émotion, d’évasion sans prétention mais toujours très ouverte vers d’autres cultures et d’autres modes de vie loin de nos standards occidentaux.
Aujourd’hui Olivier est aventurier-conférencier et souhaite transmettre les valeurs d’optimisme acquises au cours de son périple. Nous l’avons rencontré.
QUESTIONS À OLIVIER PEYRE AUTEUR D’EN ROUTE AVEC AILE
Depuis le 29 décembre 2015, date de la fin de son voyage, Olivier se consacre à partager son aventure à travers des conférences et l’écriture de son livre. Son message porte sur la thématique «Osez» «Réalisez vos rêves».
Nous lui avons posé quelques questions :
Quel a été le mode de financement de votre voyage ?
Au départ le voyage était prévu pour 4 ans et le budget initial était de 42.000 € soit un peu moins de 10 €/jour une fois le matériel acheté. Ensuite au cours du voyage ça s’est passé différemment. Influencé par les théories de Bernard Moitessier (grand marin aventurier des mers années 70) qui a adopté deux principes : faire entrer de l’argent durant le voyage et éviter de le faire sortir. La sobriété matérielle faisait partie intégrante de l’aventure et un déplacement «Zéro Carbone» coûte aussi peu cher. J’ai adopté des principes de bon sens : se faire à manger, camper en mode sauvage le plus souvent ou parfois se faire héberger. Au total la dépense a été de 20.000 € sur 7,5 ans et le travail sur le voyage a finalement tout financé. D’expérience on constate qu’un voyage est un accélérateur d’opportunités pour peu qu’on soit curieux et qu’on aille vers les autres. De plus, en Nouvelle Calédonie, j’ai exercé le métier d’ingénieur qualité dans l’éolien puis prof de math ce qui m’a permis de reconstituer la cagnotte du voyage. Enfin j’ai monté deux ou trois projets de micro-entreprise (récupération d’invendus en Nouvelle Calédonie et de nettoyage de bateaux «Oli Polish» en Australie).
Quelle est la partie du globe qui vous a le plus fasciné ? Pourquoi ?
Il est difficile de répondre à cette question tant le plaisir a été grand sur chaque continent. Finalement le plus bel endroit de mon voyage restera ma selle de vélo. La seule façon d’être heureux en voyage c’est d’être heureux là où l’on est. Si vous voulez savoir les deux cartes postales qui resteront gravées dans mes plus beaux souvenirs je dirais les îles Marquises pour leur isolement tel un paradis perdu et également le désert de sel Salar de Unyuni en Bolivie qui est en couverture du livre.
Si vous aviez 1 ou 2 conseils à donner à un cyclo-aventurier qui se lance dans un long périple ?
Tout d’abord croyez en vous-même ! Retirez vos œillères et croyez en vos rêves. Le premier tour de roue est le plus important. Une fois qu’on est sur la route on est porté par son rêve. Autre enseignement «The Road Provides» comme disent les anglo-saxons. Le nécessaire est sur le parcours. Même au bord de la route on recycle et on trouve des objets surprenants. Il ne faut donc pas se surcharger. Enfin la préparation mentale est clairement l’aspect le plus important. Si la motivation est là le reste suivra. Au final informez-vous et continuer à apprendre tout au long du voyage.
On pourrait aussi intituler le livre «En route avec Elle» : ce voyage n’est-il pas surtout une quête amoureuse ? 7 ans pour conquérir Nadège, n’est-ce pas là le vrai exploit ?
Evidemment le titre marque bien la double aventure même si j’avais choisi ce titre avant de partir (l’inconscient peut être). J’assume mon côté romantique. L’esthétisme de l’aventure tient aussi à notre aventure sentimentale. Malheureusement Nadège n’a jamais vraiment réussi à s’approprier le voyage et à trouver sa place. Mon rêve était peut-être trop fort, trop exclusif. Elle avait l’impression de suivre le projet d’un autre. Elle avait besoin de se réaliser en France ce qui explique ses aller-retours entre notre voyage et ses propres projets (une société d’animation en astronomie «la bergère des étoiles»). La longueur du voyage a aussi forcément pesé. Après avoir failli tout perdre on s’est finalement retrouvé. Ce n’est pas facile de réapprendre à vivre ensemble, de retrouver un quotidien. Le voyage était une 3ème personne, une rivale, une maîtresse. Mais au final cette expérience nous a enrichis en laissant à chacun la liberté de se réaliser. Ce voyage a été une vraie difficulté à surmonter mais aussi un ciment formidable.
Quel type de vélo aviez-vous choisi pour cette aventure ?
J’ai acheté mon vélo («Le Baroudeur») chez Rando Cycle à Paris, spécialiste de la préparation des vélos de voyage. Une «randonneuse» comme dises les spécialistes. De nombreux forums existent, il faut les consulter et également les festivals de voyage à vélo comme celui de Lausanne ou de Chambéry sont des sources d’information à exploiter.
Quelle vie avez-vous choisie après ce cycle de 7 ans au grand large ? Quels sont vos projets ?
Mon principe reste valable de faire ce qui me passionne. Depuis ma démission de mon poste d’ingénieur, j’ai choisi une autre forme de vie. Je poursuis mon tour du monde en tant qu’Auteur – Aventurier – Conférencier. Mon but est de transmettre les valeurs telles que l’optimisme et le fait de croire en ses rêves. Par ailleurs je me suis posé la question durant ce voyage de la bonté humaine. L’homme est-il bon ? Fort heureusement, la réponse est globalement oui, la solidarité humaine existe et l’homme n’a besoin d’aucune bonne raison pour aider son prochain. Par contre la volonté de nuire existe aussi mais il faut au contraire une bonne raison d’en vouloir à son prochain. Je pratique également le biplace en parapente et j’ai pour projet d’aménager un Van comme un voilier pour partir en autonomie et me rapprocher de la vie quotidienne en pleine nature qui me manque beaucoup.
Votre formation d’ingénieur vous a-t-elle servi durant votre voyage ou avez-vous mis votre vie professionnelle totalement entre parenthèse ?
Je suis très reconnaissant envers mes professeurs car j’ai appris à gérer un projet et à manager tous ses aspects. De plus ce diplôme m’a donné l’opportunité d’être embauché en Nouvelle-Calédonie. Mais ma formation m’a surtout appris à intégrer de nouveaux sujets et de nouvelles techniques. Savoir apprendre rend libre.
Avez-vous gardé des contacts avec toutes les personnes rencontrées ?
Pas autant que je l’aurais souhaité. Mais sur le moment on a une telle décharge émotive quand on se rencontre qu’on pense être lié à jamais même quand on se quitte. Mais au cours du voyage on apprend aussi que quand on part on se quitte vraiment. J’ai gardé des contacts mais je garde surtout de bons souvenirs. Il suffit de réactiver ces contacts pour que ça reparte.
Accueillez-vous des Cyclo-globe trotteurs de passage ?
Nous n’accueillons que les plus courageux car les 600 m D+ de Briançon à Puy-Chalvin rendent l’exercice difficile. Mais quand ils y arrivent, je leur montre que depuis notre jardin, on peut décoller en parapente pour aller en ville. Je descends ainsi souvent à la poste en parapente pour envoyer mes livres. Je reste ainsi fidèle autant que possible au principe salvateur du zéro carbone.
Extrait page 369 :
Finalement ça t’a apporté quoi tout ça ? demande Nad à Olivier
«En partant sur les routes du monde armé de ma seule bicyclette et de quelques affaires, j’ai d’abord quitté le nid douillet de la modernité pour déguerpir de ma zone de confort, et affronter une réalité plus vive et plus intense. De mes journées d’autrefois pendant mon ancien travail d’ingénieur, je ne gardais aucune information sur le vent, la température extérieure, les oiseaux ou l’ondée qui passe, ni même simplement de la position du soleil dans le ciel. Cela peut paraître futile mais c’est terriblement important «…» Grâce à ma règle zéro moteur, j’ai gardé une trace mémorielle et sensitive des distances, conservé une relation privilégiée avec chaque point du globe parcouru.»
L’AVENTURE EN CHIFFRES
- 2727 jours de voyage
- 104 759 km parcourus : Dont 40.000 km en voilier stop, 64.529 km en vélo et 230 km en vélo kite
- 142 jours en mer sur 22 voiliers et 37 traversées
- 180 sites de parapente reconnus
- 99,9% du trajet sans moyens motorisés (seuls 90 km ont été faits à moteur)
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