LE ROCKMAN le swimrun à l’état brut
LE ROCKMAN le swimrun à l’état brut
Le Rockman n’est pas considéré comme un des swimrun les plus durs de la planète pour rien. Pourtant, il ne fait que 43 km de long dont 6.6 km de natation cumulée. Oui mais c’est sans compter les 2500 mètres de dénivelés positifs et donc négatifs, un terrain chahuté, escarpé d’une technicité rare avec des «obstacles» remarquables à tout point de vue. Plongez dans ce monument du Swimrun à la mode norvégienne.
On ne revient pas indemne du Rockman. Vous aurez quelques bosses laissées par des chutes, peut-être quelques piqûres de méduses, des courbatures mémorables et une énergie proche du néant. Mais vous aurez surtout cette sensation incroyable d’avoir été en immersion totale dans et au-dessus du Lysefjord, un des plus beaux fjords de Norvège comportant plusieurs points de vue exceptionnels.
Je vous propose de nous accompagner, Ben et moi pendant 10h46, et vous laisser guider dans les entrailles du Rockman, «le retour de la Légende».
Ce qui caractérise le mieux cette course scandinave, c’est le côté «retour aux sources», la rusticité ainsi que la simplicité. Cette année, pas de briefing, juste une vidéo de présentation pour présenter l’essentiel. Le retrait des dossards se fait entre 17 et 21h dans un Pub du centre-ville historique avec un superbe sweet manches longues comme cadeau de bienvenue. Pour ma part, c’est ma deuxième participation et c’est un accueil très chaleureux que me réserve Thor ; le créateur de l’épopée. Nous sommes venus tôt et nous avons bien fait vue la queue qui s’est vite formée derrière nous. La météo annoncée est bonne, et je vous avoue que c’est la très bonne nouvelle du jour car nous pourrons profiter pleinement du cadre majestueux tout au long de la course. La température est estimée à 16 degrés dans le fjord dans lequel les trois plus longues sections de natation se dérouleront et à 14 degrés dans les lacs d’altitude. Pour le reste, on sait que ce sera cassant, percutant, escarpé, ROCK.
Il est temps de profiter d’une courte nuit avant d’aller en découdre au petit matin dans les eaux du fjord.
JOUR DE COURSE
Le ferry est parti à 5h avec toutes les équipes de la longue distance à bord. Après 1h15 de navigation, alors que le soleil se lève, nous voilà prêts à faire le grand saut.
6h30, les équipes sautent une par une en direction d’un rentrant de la falaise pour ensuite la contourner et enchaîner sur 1 km de natation. Ici, pas de départ en ligne, le chrono est lancé dès les premiers sauts effectués par les meilleures équipes en premier. Nous partons 4ème avec un bon petit bain froid en guise de toilette matinale, au moins ça réveille direct.
La mauvaise surprise de ce premier kilomètre est la présence de quelques méduses orange, les locales qui piquent moins que nos excitées de méduses méditerranéennes, mais qui picotent un peu quand même. Rassurez-vous ce sera la seule section où nous serons ennuyés par ces bestioles. Mais oui, vous pouvez être surpris qu’en plein nord, dans un fjord il y ait des méduses. Et bien faut pas car des méduses, il y en a partout et ce n’est pas qu’une question de température de l’eau.
Nous enchaînons directement par une violente montée dans les tourbières, les racines en direction du 1er lac d’eau douce. Je suis en sur-ventilation sur cette première section mais heureusement,ça va se canaliser après cette deuxième natation de 900 m en eau douce. Nous reprenons des chemins tortueux avant de rejoindre la montée officielle du premier «spot», le Preikestolen, dénommé également Pulpit Rock. Il s’agit d’une falaise remarquable qui culmine à 604 m au- dessus du fjord. C’est également un peu la star des séries (Vikings) et des films (Mission Impossible IV) et de Norvège. Nous faisons un aller-retour au point de vue, avec arrêt chrono pour prise de photo avec la
légende avant d’enchaîner par du crapahut rocailleux comportant de nombreuses vues sur le fjord. On en prend plein les yeux et plein les jambes. Il faut faire un choix : soit tu cours, soit tu regardes mais les deux en même temps sont fortement déconseillés par les secouristes.
Les descentes sont cassantes et fracassent les appuis, les guibolles, les chevilles, du coup notre vitesse de croisière est très lente. Comme les ravitaillements sont rares, on boit directement dans les cascades et les rivières. Une nouvelle natation nous fait un bien fou avant une nouvelle fois, de retrouver la technicité des sentiers jusqu’au bord du fjord.
“...vous pouvez être surpris qu’en plein nord, dans un fjord il y ait des méduses. ”
Nous sautons dans le Lysefjord pour 1600 m de natation le long des falaises. La sensation de chaleur emmagasinée par le trail nous fait ressentir le froid des eaux. Nous sortons bien rincés, dans tous les sens du terme pour nous lancer dans une section composée essentiellement de rochers et de pierriers appelée avec humour «sprint». Cette portion longe le fjord mais en nageant, notre vitesse aurait été peut-être identique.
Un solide ravitaillement nous attend, il est presque midi et c’est avec plaisir que nous assistons à l’arrivée, la première du Preikestolen Trail. Car en parallèle du Rockman, un trail est également proposé ce qui a permis à notre amie Amélie d’y participer. Nous repartons en profitant de 4 km de route en faux plat montant. Incroyable, enfin un terrain avec des appuis plats. Moi qui ai horreur de la route, sur le Rockman, j’en suis toujours fan. Puis nous descendons à nouveau par des sentes techniques en direction de la grande traversée du fjord pour rejoindre Flørli, 1800 m de natation pour rejoindre l’autre rive.
Nous sommes obligés de prendre une bouée de sécurité avec laquelle je vais me battre un long moment à cause du serrage. Arrivés en face, bien calmés, nous reprenons des forces au ravitaillement et partons sur les fameuses 4444 marches de l’escalier en bois le plus long du monde qui longe un pipeline hydroélectrique. Cet escalier nous monte à 750 m de dénivelé pour 1200 m de distance, imaginez la rampe sans ascenseur. Mais à chaque fois que tu te retournes, tu es récompensé par une vue époustouflante sur les profondeurs du fjord. Nous avons trouvé un rythme très régulier, «Ti pa Ti pa» comme disent les réunionnais qui nous permet de ne jamais nous arrêter. Au sommet de l’escalier, un lac frais nous attend ; il en reste 3 avec des petites natations de 300 m.
Après la traversée, nous tombons sur un signaleur qui nous annonce «Porte horaire pour le Dragons neck dans 20 minutes». Le Dragons neck, c’est une boucle qui nous élève encore vers les nuages, longue de 5 km très minérale. On enchaîne vite la natation pour passer la porte avec 4 minutes d’avance ; «large» comme dirait mon Ben ; le viking de Sallanches.
Nous ne sommes que 17 équipes à avoir passé la porte. Je reste très vigilant et tente de ne pas rater une seule marque rouge dans cet univers de rocaille. Nous rattrapons des équipes et constatons, en étant sur les hauteurs que certaines se sont apparemment égarées. Nous terminons cette boucle par une ultime traversée de lac, longue de 200m. Il est temps de rejoindre l’arrivée, 6 km plus bas pour enfin franchir la ligne et devenir une légende Rockman.
Cette course marque les esprits et nos corps à jamais, mais à chaque fois, une fois la ligne passée, des airs de reviens-y apparaissent automatiquement. Une 3ème ceinture en 2023 ? .... A suivre
“Je reste très vigilant et tente de ne pas rater une seule marque rouge dans cet univers de rocaille.”
L’aventure Rockman vue par Ben Colchen, le viking de Sallanches, coach sportif Reveal Coaching 74
Une aventure sportive et humaine Le Rockman a tenu toutes ses promesses, épique !
En immersion totale dans le Lysefjord, nous arpentons les plus techniques et beaux sentiers et nageons à travers l’eau rafraî- chissante du fjord. Les paysages à couper le souffle sur le mythique Preikestolen ou au sommet des 4444 marches de Flørli nous donnent la dimension épique de cette course aussi ardue que belle.
La magie du Swimrun !
Cette aventure n’aurait pas été la même sans mon partenaire Laurent. Pouvoir partager une telle épreuve dans un décor pareil est un privilège et je le lui dois. Notre soutien mutuel nous aura permis de venir à bout de la lé- gende du Rockman Swimrun.
Lieu de départ : Stavanger (120 000 habitants) est la quatrième ville de Norvège et mêle harmonieusement les styles anciens et récents. Ville mar- chande de la côte, elle est devenue un important port de pêche. Puis, la découverte de pétrole au large, en 1969, a transformé à tout jamais le destin et le paysage de la ville.
Il est très facile de rejoindre le centre-ville de l’aéroport avec un départ toutes les 20 minutes (environ 13€) pour 30 minutes de trajet.
Se loger : situé idéalement, le Comfort Hôtel Square est à 5 mi- nutes du centre-ville et du départ du ferry ; à noter l’exquis petit déjeuner.
Cadeau finisher du Rockman : la ceinture en cuir noir.
Plus d'infos :
Texte : Laurent Valette
Photo : Diego Escobedo Lozano, Rockman Swimrun, Laurent Valette